Square des mésanges
Oh oui, racontez-moi.
Racontez-moi monsieur, cette histoire insensée
Où l’ombre d’un souvenir a bousculé ma vie !
Bousculé ma raison des embruns qui dansaient
Sur une plage vide. Des rêves inassouvis
Et le son de sa voix…
Dessinez-moi son corps,
Ses courbes érotiques et l’aveu de ses seins
S’offrant à mes délires, fébriles, anonymes,
Comme un présent d’hier, fièvre de musicien,
Qu’une note rebelle, séduisante et sans rime,
Maquillait de remords.
Prêtez-moi le décor
D’une enfance bercée dans un soupçon de larme ;
Ce délice inspiré d’un air d’adolescence
Que j’ai laissé passer, grisé par tout le charme
Qu’elle éminçait pour moi, aux portes du silence.
J’ai vieilli sans éclore.
Laissez-moi la toucher,
Lui dire des mots soleil, lui dire des mots d’amour.
Qu’elle m’entende sourire ; je lui dois ce câlin
Venu d’un autre monde. L’œuvre du troubadour
A choisi la couleur pour noyer son chagrin.
Oui, laissez-moi l’aimer.
Lâchez les papillons aux bancs des coquelicots.
Que les folles caresses dans nos ébats flambants
Fleurissent l’innocence du parfum des bons mots.
Et vague décadence, sublimée par le temps,
S’enivre de ses doigts
Qu’elle a posé sur moi.