Onzième titre de l’album « Excès d’ivresse » : « Le vélo (52 x 14) »
Souvenance câline d’un père passionnant qui se fendait en quatre, chaque dimanche, pour devenir : mon entraîneur, mon masseur, mon premier et unique supporter, mon réconfort moral.
Alors jusqu’à la prochaine course, je me devais, pour lui, de faire briller comme un rayon de lune ma petite reine. Sous l’œil attentif de Maître Eddy, aux couleurs « Arc en ciel » sur un poster sans dédicace qui prônait par dessus l’établi, je m’appliquais à ne point dérailler du travail à la chaîne. Merckx m’accompagnait, j’avais l’art du chiffon !
Je balayais l’espace mais qu’importent les mots quand on rêve insolent.
Oui, je les avais toutes gagnées « ses courses » mais à ses côtés. Car quand on aime on ne double pas, on s’octroie simplement le droit de frotter sur la ligne pour la photo finish.
Aujourd’hui que mon manager préféré s’en est allé sur les pas de Garin et de Federico, je mesure l’importance de ces bribes insignifiantes qui ont parsemé ma vie simple. Pour le plaisir des mots et la douceur des notes, je t’offre cette chanson « papa ».
Le vélo (52×14)
Sur le vélo j’en connais un rayon,
De la pompe à la valve
J’y mettais la pression !
Eddy le baron belge
M’avait donné des ailes
Et le cannibalisme
S’adonnait au cyclisme.
Son altesse était sage
Massé par les nuages
La reine si petite
Au sommet de l’élite.
Tel un maillon de chaîne
En sueur nous entraîne
Enlacé par les cols
Dans un très fier envol…
Sur le vélo j’en connais un rayon,
De la pompe à la valve
J’y mettais la pression !
Le cœur en éventail
Pour y chasser le vent
Un p’loton en cavale
Poursuivait le géant.
L’union faisait la force
Sur la bête traquée
En brandissant le torse
Moi je l’accompagnais.
Et la horde sauvage
Résignation fatale
D’une lutte finale
Pour la seconde place…
Sur le vélo j’en connais un rayon,
De la pompe à la valve
J’y mettais la pression !
Et le tout pour le tout
Le panache en atout
Fallait-il la vouloir
Cette ultime victoire !
À l’heure du dernier soir
L’ogre de Tervuren
Brillait sur Kluisbergen
Et rentrait dans l’histoire.
Toujours la course en tête
Au bout de la souffrance
Le bonheur à la fête
Soleil de mon enfance…
Pour le vélo j’y laissais ma passion,
De la pompe à la valve
J’en perdais la raison !