L’ombre
Et si son ombre était
L’impair de mes rêves,
Flambant j’aurais aimé
Être une lame brève.
Pour caresser sa peau
Et la rendre plus lisse,
Le tumulte des eaux
S’estompe dans l’abysse.
Les rides dont elle parle,
Du dessin de son corps,
Accentuent les détails
Que le parfum « odore ».
J’avais donné au temps
Cette ultime impatience,
Qui fait vibrer l’instant
Et le transforme en danse.
Quand elle fut endormie,
Frissonnante nature
Jeta ses rideaux gris
Sous un soleil obscur.
Dans l’ombre de la nuit
Je me mis à penser :
Que les oiseaux aussi
Peuvent parfois pleurer…
Fallait-il donc chanter
Avoir seulement envie ?
Ou simplement rêver
De son ombre divine ?
L’histoire s’écrira seule
Au bon vouloir des gens,
Qui tissent leur linceul
En vivant trop longtemps.
Galérien d’une rime
A l’instar de ses yeux,
Je guette le mot sublime
Qui nous rendra heureux.
Sur sa couche en éveil
La clairière dansante,
Ou chantante c’est pareil,
Une fièvre enivrante.
Dans ce lieu insolite
Un calice d’orfèvre,
Serti de pierres fines,
J’y poserai mes lèvres.
Au creux de mon oreille
Elle ne me dira rien,
Me plairais à me taire,
Silence de musicien.